mercredi 10 septembre 2014

Intermède suédois




Hej ! Comme dirait nos amis suédois. Je vais te raconter mon aventure suédoise qui s'est déroulé il y a quelques mois maintenant , mais qui vaut clairement le détour. Assieds toi donc sur mon lit Ikea, tu grignoteras bien un krisprolls , je te mets mon "best of" d'Abba et je te raconte tout.



1. Mamma Mia

Un jeudi soir, enfin en weekend bien mérité. STOP ! Ne crie pas au scandale, ne monte pas tout de suite sur tes grands chevaux. C'est juste qu'à ce moment là, j'avais pas mal de boulot et de préparation pour mes petits monstres. Surtout, ce même jeudi soir, jusque 20h, Amandine, spécialisée parfois dans l'amusement de galerie, devait présenter sa belle langue et donc sa matière devant les parents d'élèves. En allemand, sinon c'est pas fun les petits gars. Amandine s'est exécutée, stressée, épouvantée devant l'assistance interloquée par mon "charmant" accent mais couronnée d'un joli succès final.

Bref ! Comme j'avais bien travaillé ces derniers temps, j'ai eu le droit de prendre mon vendredi matin pour me préparer à... partir en Suède, évidemment ! Mon voyage réservé en mars était attendu avec impatience, au programme mini-croisière entre Kiel (la capitale de mon joli Land) et la mystérieuse Göteborg (du comté de Västra Götaland), deuxième ville de Suède après sa capitale.

Vient finalement vendredi, jour du départ. Je me lève comme une fleur, reposée, en forme pour attaquer mon périple. J'engloutis mes pancakes faits maison, je fais le ménage dans ma maisonnée, je fais mes bagages et me voilà sur la vague suédoise. Rendez-vous à la gare de Lübeck où je rejoins huit autres de mes compères pour notre aventure. C'est parti !

Arrivée à Kiel, on rejoint les derniers de la bande, nous serons donc quatorze à rendre visite à nos amis scandinaves ! Parmi la bande se cache une autre petite assistante, L. souvent dans les mauvais coups et toujours prête à me suivre dans mes petites folies. On se dirige tous vers le port qui se situe près de la gare de Kiel. Nous accueille un hall qui me fascine déjà, tous ces bouts de phrases dans des langues inconnues piquent ma curiosité exacerbée. Ce voyage sera ma première vraie percée en Scandinavie. Nous attendons, l'embarquement n'est qu'à 17h mais je m'impatiente, j'ai hâte. Puis on embarque, on découvre nos petites cabines, on s'installe, on visite le ferry, on se retrouve sur le pont, on trinque mais je me couche tôt, hors de question de louper une miette de ma journée en terre suédoise.

2. Money, Money, Money

Le réveil est prévu à 7h30 pour être vers 8h30 prêts à débarquer et fouler le sol IKEA. 7 HEURES tapantes, Björn, le maudit "speaker" m'annonce que je peux encore acheter de l'alcool avant d'atteindre la Suède parce qu'après ça me coûtera bonbon. Björn c'est pas un gars délicat, il a foutu le haut parleur dans la cabine, juste au dessus de mes oreilles et bim ! Les habitués du phénomène que je suis sauront. Ne JAMAIS au grand JAMAIS, réveiller l'ourson que je suis, aussi brutalement. Faites moi des câlins mais me gueuler pas dans les oreilles en trois langues différentes avec un accent suédois à couper au couteau que je peux acheter de la "gnole" pour ma conso' à moindre coût. 

L'ourson mal léché que je suis daigne finalement se préparer, je regarde rapido un morceau de Maya l'abeille en suédois, je ricane, c'est vraiment une langue rigolote à entendre pour nous les latins. 


Les Moomins en suédois

Nous nous retrouvons tous sur le pont, je vois enfin la côte suédoise, il fait froid, le vent me fouette le visage, se profile devant nous une ville gigantesque directement sur la mer. Nous passons sous un pont où des centaines de personnes courent, sûrement pour un marathon, et cela malgré le froid. Nous descendons tous dans le hall, dans les "starting blocks", prêt pour une journée à parcourir Göteborg. 


Nous nous dirigeons tous vers le tram, nous achetons nos tickets pour la journée. Dieu. Ce n'est pas un mythe, la Scandinavie c'est cher, très cher. J'ai 45 euros pour la journée et plus de 10 euros iront directement dans 4 tickets de tram. Bon. Dans le vieux tram à l'image d'une ville portuaire typique, j'observe les gens, je scrute nos petites différences à la recherche de personnages typiques. Un vieux marin discute avec un de mes compères dans un anglais approximatif, il raconte ses voyages en Allemagne et sur les côtes de la froide Baltique et de la sauvage Mer du Nord. Mon regard s'arrête sur la vieille femme du fond. Une femme hors du temps, le visage abîmé par la vie et le vent froid. Les joues rouges, les oreilles fatiguées par des boucles trop lourdes et de nombreux piercings. Elle m'a sourit fièrement et j'ai répondu par un sourire plus timide. Derrière elle, deux jolies jeunes filles blondes comme les blés discutent, sûrement de leurs conquêtes, je connais trop bien ces petits rires en coin et ces sourires extasiés. Voilà, je suis en Suède. Petite française au milieu des suédois.
Nous arrivons dans le centre-ville, en sortant du tram tout de suite je me trouve face à un restaurant avec quelques mots français parsemant la carte : entrecôte et "filét" mignon.
On se sépare tous, on forme de petites équipes. Certains veulent faire du shopping : il se trouve que les vêtements sont étonnamment moins cher et H&M, et bien, c'est suédois. Certains veulent faire des musées. Certains veulent rester en amoureux. Nous, on voulait se balader, se perdre et faire un peu tout. Alors, on a commencé à marcher.

Tout d'abord, nous avons arpenté l'axe principal de Göteborg. Nous nous sommes arrêtés pour le petit-déjeuner qui n'avait rien d'hyper typique, navrée ! Mais ! J'ai appris au cours de ma journée qu'il est malheureusement difficile en Suède de trouver du "typique", à l'Office du Tourisme on m'a dit que c'était dû à la mondialisation et le fait que les traditions se perdent beaucoup. Bref. Je m'égare, je m'égare. On s'est donc baladé, la ville est jolie, moderne et vieille à la fois. C'est une grande ville, portuaire et travailleuse. Les rues sont parsemées de nombreuses devantures françaises, c'est là qu'on a été le plus surprise. Nous sommes même entrées dans un café français avec toutes nos viennoiseries passant du pain au chocolat au chaussons aux  pommes en faisant un crochet par les macarons. Seules les petites pancartes trahissent l'authenticité française du lieu, les couronnes c'est pas hyper franchouillard.

Sur notre chemin, on visite un joli marché couvert où tous les vendeurs se liguant pour nous engraisser nous font goûter leurs produits : olives grecques, charcuterie suédoise (je ne sais toujours pas de quel animal était tiré tout ça), pains, etc. Nous nous sommes promenées le long des quais, de beaux bateaux, un gentil canard (Canette de son petit nom qui se baladait avec nous), des boutiques rigolotes de bonbons de toutes les couleurs. 

Dans les rues, une petite scène se dresse, de vieux marins entonnent leurs chants favoris, nous invitent à ... danser ? chanter ? ( Si tu veux les entendre c'est ici ) J'aurais voulu comprendre mais en voyant nos grands yeux écarquillés, eux-mêmes ont compris que nous n'étions pas du coin. Juste derrière se tient une jolie église protestante où une chorale se préparait à fêter Pâques, une gentille petite dame nous propose du gâteau et un café pour quelques couronnes mais j'ai bien de trop mangé au marché juste avant alors je refuse poliment. Nous nous sommes assises quelques minutes, c'était beau.


Au milieu de tout ça, j'ai pleuré après avoir payé 16 euros pour des cartes postales et des timbres et nous avons rencontré des difficultés à trouver un endroit où manger à moindre prix. C'est beau mais c'est vraiment cher. 






3. The Dancing Queen

La pluie s’abat malheureusement sur la vieille Göteborg, on boit un dernier café au Hard Rock Café, toutes deux ruinées. Il va être temps de rentrer au bateau, 18h approche. Nous nous décidons à faire nos courses à Lidl pour pique-niquer à bord. Nous remontons dans le tram et nous re-embarquons sur notre maison flottante. 

21h. Après une bonne douche chaude et un repas improvisé il est temps de rejoindre les autres dans la partie la plus fun de tous les ferrys : la discothèque. Est prévu pour notre soirée de folie : quizz musical ! Nous n'avons pas gagné. Bon, c'était pas mal mais on a perdu ! Notre DJ et animateur suédois nous lance une "super" soirée karaoké. Les premières chansons font un flop, il a pourtant tout donné : ABBA, variété suédoise, disco, etc. Puis des norvégiens ont lancé la machine avec une danse endiablée et me voilà à twister avec des allemands, des norvégiens, des suédois, des anglais, des iraniens et des finlandais. Une fois sur la piste, plus rien ne nous a arrêté, entre rire et pas de danse approximatif, c'était une nuit incroyable. Alors voilà, la Suède nous a inspirée, une nuit en mer à être des Dancing Kings and Queens. C'est ça la vie.

4. Epilogue

J'ai aimé le petit aperçu que j'ai eu de la Suède. J'ai trouvé les gens charmants, froids d'apparence, peut être. Mais toujours prêt à aider et chaleureux à leur manière. Bien sûr le projet est d'en voir plus parce qu'il y a beaucoup à voir. La Suède est un pays riche, vaste et avec une culture fascinante. Björn, on se reverra. ;)

 Hej då !

lundi 19 mai 2014

Je cours

Je suis une foutue biche sous des écailles de dragon. Un petit truc fragile qui se cache bien, une montagne d'émotions sous un semblant de roche. Mon temps ici est compté, je sens mon aventure me filer entre les doigts et ça me colle une frousse monumentale. Tu vois, j'ai à peine eu le temps de te raconter mes dernières aventures parce que ma petite vie me prend un temps fou et quelque part tant mieux. Je la vis à 2000%, je ne suis pas souvent chez moi, je cours la campagne et gambade dans les prés. Assieds-toi 5 minutes avec moi, servons nous un petit thé car ma fatigue en a bien besoin et je suis sûre que toi aussi.

1. Quand les racines reviennent à toi

Ma dernière semaine de février était un peu minable, quelques petits "soucis" à l'école et des petites déceptions personnelles m'avaient mises quelque peu K.O. Mais une part de moi étaient sur le chemin, Maman et petit frère se ramènent pour découvrir ma drôle de vie, celle d'ici.

Ma maman c'est la meilleure, elle me ramène des bonnes choses
Lundi, excitée comme une puce, je monte dans le train et je traverse le tout Hambourg. M'étant sentie poussée des ailes, j'ai volé trop vite et l'avion, lui, n'avait pas encore atteint sa destination. Je les attends comme j'attendais le Père Noël fût un temps, tiraillée entre excitation, stress et bonheur. Je guette, me met sur la pointe des pieds pour voir si je peux les apercevoir derrière le sas qui nous sépare. J'attends. J'aperçois enfin mon frère et puis ma mère. Le cœur serré je les accueille pudiquement parce que j'ai beau être très expansive sur beaucoup de choses, j'ai encore mes petites retenues. Après nos retrouvailles, des péripéties classiques d'aéroport, on prend la route vers Lübeck (Lulu pour les intimes).

Puis je les ai baladé pendant la petite semaine qu'ils ont pu me consacrer. Je bossais le matin, les promenais l'après midi. Ma maman m'a prêté la voiture de location et j'ai reconduit seule pour la première fois vers l'école. Je n'ai pas eu peur, c'est tout ce que je peux te dire. Je dois avoir la peau dure, je n'ai pas bronché contrairement à ce que je pensais.

Je leur ai montré ma belle Baltique, je les ai emmené à l'Est, je leur ai fait goûté les plaisirs de ma petite vie à l'allemande. J'ai rassuré ma mère quant à ce que je vis à 1400 kilomètres d'elle, elle a mis des visages sur des noms aux consonances étranges, des sourires sur ses inquiétudes et des baisers sur mes joues.

Puis ils se sont envolés un samedi, un signe de la main, une larme qui peine à se contenir, un sourire, un dernier coucou et me revoilà seule, de retour à mon doux quotidien. Mon indépendance est revenue timidement, sans enthousiasme, avec prudence pour ne pas abîmer le petit morceau de mon cocon familial qui s'est reformé pendant ces quelques jours.

2. Goûter à la folie hambourgeoise

Avec Lt. mon amie belge (officiellement, elle est franco-belge, officieusement, c'est une foutue frite !), nous avions une envie folle de visiter cette grande ville que l'on traverse sans arrêt sans pour autant la visiter et surtout une folle envie de faire bouger nos corps au rythme de la folie hambourgeoise.

On est arrivé un samedi matin en catastrophe à Hambourg, elle, laissée par un train au milieu de nul part, moi, lâchée par un covoitureur fiévreux. On fini par se retrouver et on file chez R., un autre assistant absolument adorable qui nous accueille pour le weekend. Tous les 3 lancés dans Hambourg, on fait le grand tour, on en prend plein les yeux et on planifie notre petite folie hambourgeoise du soir.

Si tu as l'esprit festif, un tatouage sur la fesse gauche après un mauvais pari, un foie du tonnerre, un esprit jeune dans un corps qui tient la route et des envies d'adrénaline ou tout autre signe distinctif qui indique que tu peux potentiellement envoyer du rêve sur le dancefloor, Hambourg a une "tradition" qui te plaira. La tradition veut que tu festoies allégrement mais pas n'importe où, à la Reeperbahn. Puis quand le soleil pointe le bout de son nez, cette même tradition veut que tu ailles manger un Fischbrötchen (comprend là, un sandwich avec des petits poissons, des petites crevettes ou tout autre animal sortant de l'eau) au Fischmarkt (tu me suis toujours, comprends là, le marché aux poissons). 

Alors à nous 3, on est parti "bras dessus, bras dessous" et on a mis le feu à la Reeperbahn. Je ne te raconterais pas tout sur ce sujet mais sache qu'on a fait la fête et, correctement. Résumé express : on a trinqué, rigolé, bougé nos corps, trinqué, crié, chanté, trinqué, dansé, discuté et mangé. Bref. On a passé une soirée de folie. 

Le dimanche, on a terminé tranquillement notre visite d'Hambourg et on est rentré au bercail, éreinté mais avec des étoiles plein les yeux. Hambourg est une ville aux multiples facettes avec un charme fou. Le port est endroit authentique et brut accentuant le contraste avec le faste de son centre. Chic et bourgeoise, la belle hambourgeoise relève ses jupons une fois la nuit tombée et fais rêver quiconque veut s'oublier l'espace d'une nuit. Et ça ! Ça m'a plu. 

3. Une nouvelle en ville

Le rendez-vous est pris. Une nouvelle française arrive en ville et je suis chargée de l'accueillir en cette fin mars fraîche mais ensoleillée. M. arrivera avec sa maman et je dois me charger d'être leur premier rayon de soleil (comme le fut ma coloc' à mon arrivée) après leur périple en voiture que je ne pouvais que bien m'imaginer. 

Après une petite journée classique dans ma petite ville, mon portable sonne, mes routières arrivent. Je monte donc sur mon fidèle destrier du mois (ah oui ! mon grand truc c'est de me faire prêter des vélos, c'est devenu mon sport du moment), je file à son futur appartement, dernier tour de piste, je m'assois face à la Trave et je patiente. 

Elles finissent par arriver, me remerciant à coup de pains au chocolat et ravies que je leur ouvre la porte de la nouvelle maison de ma nouvelle compère. S'en suit un charmant petit weekend entre françaises sous un temps idyllique, on papote, le courant passe, j'ai une nouvelle copine française.

Depuis on en a fait des trucs ensemble, je l'ai baladé, elle m'a baladé, on se balade toutes les deux. On sort, on se fait à manger, on rit, on se raconte nos vies, on se plaint, en gros on se comprend et ça c'est COOL.

4. Épilogue

Je sais que tu m'en veux derrière ton petit écran et que tu me boudes un peu : tu es dans ton DROIT ! Je ne t'ai pas écris depuis longtemps et tu m'en vois désolée. J'ai eu peu de temps pour me poser et écrire. Tu vois j'aime me la raconter un peu et pour que j'écrive efficacement il faut que j'ai quelques heures devant moi, de l'inspiration, de la bonne musique et l'esprit en paix. Tu devineras que ces derniers mois, des moments précieux d'écriture comme ceux-là, j'en ai eu peu. J'ai privilégié ma vie sociale mouvementée, mes voyages et mes sorties nombreuses. Dis comme ça, ça sonne un peu égoïste mais que veux tu des expériences aussi belles j'en aurais peu dans ma petite alors je les savoure à tes dépends. Mais tu m'aimes quand même, hein ?

Passons ! Je suis en pleine planification de mon été car oui ! Je reste quelques mois de plus sous le prétexte d'améliorer mon allemand en y bossant encore un peu. J'ai trouvé un charmant petit boulot dans le plus adorable des cafés de Lübeck. J'ai l'impression d'être une licorne colorée apportant des petits bouts de rayon de soleil à mes clients. Ouais, mes métaphores sont déjantées mais tu sais pourtant que je suis un bisounours bien planqué (et que j'ai une façon de penser propre à moi-même).

Comme tu le constates, au travers de ce tourbillon d'émotions que je parviens tant bien que mal à te décrire, je suis bien, je suis épanouie, bien dans mes pantoufles canards (je ne porte pas de baskets, je suis une fille distinguée, ou pas). Je te le cache pas, plus je repousse mon départ, mieux je me porte. Pas que je veux pas revoir la frimousse de mes français préférés, c'est juste que les moments où on se sent à sa place, au bon endroit, au bon moment sont rares alors par pure avidité, je garde ma place, je la serre contre moi encore avant de revenir à la facilité de mon quotidien français.

Une amie m'a dit il y a pas longtemps : "De toute façon, toi, tu as besoin de challenge pour vivre" A méditer. 

mercredi 26 février 2014

Vadrouille et sac à dos

On va traverser l'Allemagne, tiens toi prêt parce qu'on va passer du froid nordique à la douceur bavaroise. Nord et Sud, deux directions opposées mais deux weekend incontournables. Enfile ta cagoule, on va se les geler sec.

1. Mer du Nord par - 20 C°

Dernier weekend de Janvier, le rendez vous est pris avec la sauvage Mer du Nord. Je suis allée ce vendredi rendre visite à une amie assistante qui habite de l'autre de côté de mon Land. Je suis partie ce jour là comme on partirai en expédition en Antarctique. Depuis quelques jours déjà, Lübeck avait enfilé son manteau blanc de neige. J'avais depuis quelques jours mes vêtements les plus chauds, mes bottes de neige et tous les accessoires adéquats, pourtant je persistais à grelotter. 

Madame Météo m'avait informé en avance que ce weekend-ci allait battre tous les records de froid et on m'a affirmé que le froid de la belle Mer du Nord était particulièrement prenant. Ma coloc', toujours attentionnée, me laisse son blouson de ski qui, vous l'apprendrez plus tard, va tout de même me sauver la vie. Je pars donc avec mon attirail de petite (grande ?) exploratrice.

Je prends d'abord un bus qui m'emmène dans la "pampa" lübeckoise pour prendre part à mon premier covoiturage à l'allemande. Je dois attendre à un arrêt de bus par -10 C°. Je sautille pour tenter de me réchauffer, le vent frappe mes joues déjà rougies par le froid et je peine à maintenir au chaud mes mains qui se crispent. Une voiture fini par arriver, une golf un poil tunée, en sort un géant qui salue un jeune homme et me fait signe de la main. Je me dirige donc vers le géant, 2m10, une carrure impressionnante, blond aux yeux clairs, mon Dieu, le cliché du mastodonte allemand. Un peu intimidée tout de même, je file à l'arrière, tous deux constatent rapidement que je suis française, me posent deux ou trois questions mais la voiture me berce et je pique 2 ou 3 micro-sommeils. Il me dépose finalement dans une petite gare près de ma destination finale, cette ville légendaire dans le petit milieu de l'assistanat en Allemagne, Husum. 
Husum

Après une petite heure d'attente dans un petit café de Friedrichstadt, mon train arrive et me mène vers Husum retrouver mon hôte, la charmante L.. 2 minutes de marche après nous voilà déjà chez elle, Husum c'est pas une grosse ville, c'est même riquiqui mais c'est son petit paradis à elle. L'un de nos points communs étant de nous être pris de passion pour la ville qui nous accueille pour cette fabuleuse année. On fait notre programme pour le weekend, on papote, on se regarde des films pour filles, on se fait une soirée pyjama en bonne et due forme. 

Eglise de Flensburg
Le jour se lève sur la Mer du Nord, aujourd'hui c'est direction Flensburg, une ville collée à la frontière danoise. Coup d'oeil sur la météo : température ressentie annoncée -20C°. On s'arme toutes les deux de nos tenues les plus chaudes pour passer la journée dehors. J'enfile mes Thermostrumpf (comprenez des collants très chauds), un jean, un tee shirt, une polaire, mes bottes de neige, blouson de ski et le classique, chapeau, écharpe. Nous voilà parti pour une journée de folie. On se balade, on parle, on rit. Flensburg est une ville charmante, très influencée par le Danemark. Sur l'adorable marché près de l'église se croise allemand et danois, euros et couronnes danoises et puis bien sûr, nous, les petites françaises. J'ai eu l'occasion d'avoir un bref aperçu de la folie des prix danois en allant faire un petit tour dans une sorte de "Maison du Monde" à la danoise mais je n'ai rien acheté, même pas la tasse "Moomins" sur laquelle j'ai craqué littéralement mais qui coûtait la modique somme de 17 euros. Ça fait cher le Moomin. 

Le vent scandinave ne nous aura pas épargné mais on a profité à fond tout de même en nous baladant, papotant, toutes deux emmitouflées comme 2 petits bonhommes Michelin. Exténuées, on a fini notre journée comme deux vraies filles qui passent un weekend ensemble, en nous goinfrant de cochonneries devant des films américains idiots.
Port de Husum

Le lendemain, L. entreprend de me faire vraiment visiter son patelin. Comme le jour précédent, j'enfile mes couches de vêtements et on se lance. Husum, c'est tout petit, c'est tout charmant. C'est une petite ville portuaire figée dans le temps, entre Moyen Age et années folles, la ville est parfaitement hors du temps. J'ai apprécié l'authenticité du lieu: le port parsemé de jolies petites maisons colorées, le petit château sans cotoient pour le plaisir des yeux. Je crois que ce qui m'a le plus bluffé ce weekend-ci, c'est peut être ce pouvoir magique de la nature et des choses simples. Oui, j'ai failli perdre mon visage, mes mains et mes pieds mais j'ai aussi entendu la nature parler, la Mer du Nord grogner sous la glace, cette même glace craqueler sous le poids du froid et les arbres grincer au rythme du vent. Le froid ça fait mal mais ça rappelle qu'on est vivant, ça le rappelle à la nature aussi.

Alors voilà, j'ai remis mon sac à dos, je suis remontée dans la voiture du gentil géant et j'ai retrouvé Lübeck, ma bonne vieille ville.


2. Liebling Bayern

12 heures de surveillance d'examen, l'aubaine de 2 jours de formation du corps enseignant et peu de négociation, j'obtiens de passer un weekend dans la région de Munich, retourner sur le lieu de mes premières aventures allemandes.

Alors, j'ai booké un avion sans réfléchir et j'ai repris mon baluchon. Parce que quand je suis là bas, je me sens comme en famille, ça sonnait comme une évidence. Je te remets au parfum. Munich et moi c'est : 2 étés dans une famille formidable qui m'a adopté et que j'ai adopté. Je suis un peu la grande soeur de ce petit bout de petite fille blondinette et je suis devenue la fille adoptive d'un couple charmant.

Se voulant être une surprise, je suis arrivée à l'aéroport de Munich sous couvert d'une sombre histoire de colis à aller chercher à l'aéroport. Si j'avais eu plus de temps, pour sur, je me serais emballée de la tête au pied juste pour le fun. Mais bon, j'ai manqué de temps et de préparation au ridicule qui ne tue pas. 

Je crois que le plus amusant dans cette histoire de surprise, c'est de me rendre compte que j'ai déjà change depuis août dernier, la petite et le père ne m'ayant à peine reconnue sur le coup. C'est vrai que ma silhouette s'est affinée, j'ai changé de coupe de cheveux, changé de lunettes et je porte des vêtements d'hiver (d'où la blague récurrente du weekend : Amandine ne se balade qu'en bikini, étonnant de la voir habillée).

Bref,  j'ai fait des crêpes et des galettes, j'ai mangé, trop mangé, j'ai fait des batailles d'oreiller, j'ai patiné, je suis tombée, je me suis relevée et j'ai respiré l'air frais de ma douce Bavière. Je suis rentrée, parce qu'il fallait rentrer, partagée entre : "Lübeck, mon amour" et "Bavière, mes souvenirs".

3. Épilogue

Pour le reste de ma petite vie ce dernier mois, c'était encore une fois mouvementé. Entre mes petits voyages s'immiscent aussi quelques évènements spontanés : fêtes en tout genre, des cafés, des bières, des restaurants et des tas de gens géniaux. Ma vie est simple mais bien remplie, je me sens intégrée, bien dans ma peau, bien dans mes baskets. Je suis allée à Kiel, certains m'ont plaint de vivre à Lübeck mais moi je les plains de ne pas connaître le charme de ma petite ville, l'humanité qui en découle et les gens géniaux qui y demeurent. Kiel c'est grand mais c'est pas pratique, ce n'est pas joli et la ville ne me conviendrait pas. Alors, oui, je ne vis ni à Hambourg, ni à Kiel, ni à Berlin, mais je n'échangerais ma place pour rien au monde.

Se profile encore dans ma vie palpitante : une mini croisière en Suède, un weekend en terre danoise, un weekend a Hambourg et visite de ma mère et mon frère.

Être étranger a l'étranger, je crois que c'est l'expérience la plus enrichissante de mon jeune âge alors je vis a fond mais le temps court trop vite comme dirait les allemands. Piquez lui ses pompes histoire que je profite encore plus ! (si tu as compris cette blague a 2 balles, tu es cool OU aussi dérangé que moi).

La Belle Lübeck sous le soleil

lundi 20 janvier 2014

Happiness is the truth

Hey toi, visiteur ! Je t'ai laissé il y a un mois avec un brin de trémolo dans la voix, on va reprendre où je me suis arrêtée et tout te raconter. J'espère que cet article va swinguer au rythme de ma vie qui swingue pas mal en ce moment.  

1. Enterrer 2013, reprendre sa pelle, s'en aller sans se retourner

Quelques jours avant mon départ pour la France, j'ai eu un gros coup de mou. Comme si le fait de rentrer était encore une punition, j'avais peur mais je ne savais pas de quoi. S'en suit l'habituel : "j'ai pleuré, j'ai déprimé, j'ai boudé, je me suis roulée en boule et j'ai ruminé". Tu peux rire, tu es parfaitement autorisé, 22 ans et pourtant ! Une vraie gosse.

J'ai tout de même fait ma valise, j'ai encore pris trois fois trop de vêtements, trois fois trop de choses qui a l'instant t m'ont semblé essentiel et qui à la fin du séjour seront toujours au fond de ma valise. Bref ! J'embarque valises, petits problèmes et grosses déprimes direction Paris. Je passe un très bon moment à Paris qui me fait penser que, finalement, c'est pas si affreux de rentrer. J'assiste à une comédie musicale, revois mon parrain, fais les magasins, visite, profite. Puis ma sœur et moi, on prend la route. Je rentre à la maison.

Noël arrive, je me réjouis de revoir toute ma famille autour de la table, de me dire que je suis là, que tout va bien et que tout ça signe la fin de l'année 2013. Je suis gâtée, bien de trop. Mon mauvais caractère et ma vilaine déprime passagère commence à s'estomper. Puis le Nouvel An, je revois ceux qui compte aussi. On enterre ensemble mon année 2013, on trinque à la vie, à nos emmerdes, à nos soucis respectifs mais aussi à nos petits bonheurs quotidiens. J'ai sorti ma pelle et à minuit je l'ai mis au fond du trou cette année pourrie.

En fait, les 2 semaines sont passées avec une étonnante rapidité et j'ai l'impression de ne pas avoir assez profiter. J'aurais voulu faire plus, j'aurais voulu revoir chacun un peu plus. Mais bon ! J'ai tout de même refait mes valises dans le sens inverse, pas sans appréhension car je retourne en Allemagne en ayant perdu un repère que je m'étais trouvé. Et oui, M. avec qui je sortais beaucoup a pris son envol vers d'autres contrées, me laissant dans le froid allemand livrée aux conseils et aux connaissances qu'elle m'a laisser.

Je rejoins donc la première étape de mon voyage, je monte dans le train en versant ma larme de petite fille sensible qui vient de quitter sa maman. Je fais un arrêt à Nantes, qui me manque déjà, parce que Dieu que je l'aime cette ville maintenant que je l'ai quittée. Finalement, Paris où je n'ai pas pris l'avion les amis, j'ai fait pire que ça !

2. Là où ma vida loca commença

Ma soeur et moi arrivons dans la fameuse gare de bus. Le miens est naturellement celui du fond, le moins chic d'entre eux. Je découvre avec stupeur qu'il va à Copenhague, rien que ça. Je pose quelques questions au chauffeur qui a fini par croire que je lui faisais du rentre dedans... Bref, je finis par m'asseoir dans ce fameux bus. Au passage, il me faut t'éclairer, j'ai pris le bus pour la simple raison que j'ai emmené ma guitare avec moi et que je ne voulais pas la quitter du voyage et le bus m'a semblé être la meilleure option.

Je profite du trajet jusque Bruxelles pour utiliser à fond mon portable français à coup de messagerie instantanée, vidéos et autres idioties multimédias ! Puis après Bruxelles, je m'endors comme une loque jusqu'au réveil inopportun à 1h du matin par mes amis de la Police allemande qui voulait vérifier que je n'étais pas une vilaine émigré (française ?!). Tout est en ordre mais l'intervention ne m'a pas laissé indemne, je sais pertinemment que je ne vais pas me rendormir avant un bout alors avec mon compère de misère de derrière, lui aussi français, on se parle. On parle de la mère patrie, de nos pays d'accueil respectif, Danemark pour lui, Allemagne pour moi. On cause de tout, de rien. J'aime bien ces moments de partage chaleureux et sans chichi avec des gens que l'on aurait jamais croisé si ce n'est à ce moment précis. 

Pour conclure sur mon aventure bus, ma foi, malgré la fatigue, les douleurs aux postérieurs et au dos, j'en garde un bon souvenir ! J'ai passé un bon moment à parler et plus le voyage avançait plus j'étais impatiente de reprendre mon aventure allemande. Je suis sortie du bus avec la ferme conviction de la vivre ma folle vie à l'étranger et comme il se doit.

3. Auto coup de pied rotatif dans le postérieur

Après les premiers jours à m'ennuyer ferme dans ma chambre lübeckoise, à errer de temps en temps dans les rues juste pour prendre l'air et à faire des galettes des rois pour mes élèves juste histoire de passer le temps, j'ai au bout du compte entrepris de prendre mon courage à deux mains et j'ai décidé d'être un poil plus active ! 

Alors j'ai entendu parler d'un film, j'ai lancé une bouteille à la mer. Parce que ce groupe facebook est un miracle pour les nouveaux arrivants comme moi. 3 minutes, j'ai déjà des intéressés. Je vais la faire ma sortie, je vais la vivre cette maudite vida loca. Le lundi, je file au ciné et puis de fil en aiguille me voilà booké pour la semaine entière. Entre cafés, bars, boite de nuit, restaurants et rencontre pur et dur avec mon groupe, j'ai enfin eu un arrière goût de cette fameuse vie à l'étranger, celle que l'on fantasme et que l'on envie aux autres. Je me sens bien, je vois des choses, je vis des choses, ENFIN. 

4. Épilogue

Tu vois, j'avais compris sans vraiment jamais cerner l'expression : le phœnix renaît de ses cendres. Maintenant, ça me semble clair comme de l'eau de roche. 2014 s'annonce bien, même très bien. 2013 est au placard et n'en parlons plus. Dans la vie, il faut faire le tri, les bons souvenirs pour savoir qui nous sommes et les mauvais souvenirs pour nous rappeler d'où on vient. Je sais d'où je viens et je le vis très bien. L'essence des choses demeurent dans le sens que l'on veut bien leur donner, j'ai choisi de prendre la vie comme elle vient.

Puisse ma vida loca, mon auberge espagnole ou ma brasserie allemande m'en apporter encore des moments comme ceux là. Sur ces paroles hautement philosophique, je te laisse. Le weekend prochain je file direction la mer du Nord, ça promet un article du tonnerre ! D'ici là, j’espère que tu verras un peu plus de vida loca par chez toi car c'est vraiment le pied ! 

(Au fait... j'ai jamais eu autant de succès auprès de la gente masculine que depuis que j'ai une virgule sur le visage... Qui l'eût cru ?)