vendredi 20 décembre 2013

Lève toi et marche

On va reprendre là où on s'est arrêté, je vais te raconter mon mois de "réinsertion". C'est Noël alors goinfre toi de chocolat tout en me lisant. 

1. Refaire le chemin

Un lundi matin en novembre, aux aurores, il faut reprendre le chemin de l'école. J'attends sagement devant mon petit chez moi, le vent froid me glace le sang et le stress n'aide en rien, mon estomac me fait comprendre que reprendre la route va être une épreuve. Ma collègue arrive, je monte en voiture. On discute, on est ravie de se revoir, le temps entre l'accident et mon retour a semblé interminable, j'ai quelques trains de retard et je veux reprendre rapidement la cadence. Moment redouté, je revois cette "maudite" route mais je tiens étrangement le coup. J'entre enfin dans la salle des professeurs, les yeux s'écarquillent "revoilà la pauvre petite française". Je m’assois, assommée par le stress et la fatigue. On pose sa main sur mon épaule, on me sourit, on scrute mon visage et on me rassure. La tension est toujours là mais je fais avec. 

Je reprends mon matériel sous le bras et je m'avance vers ma première classe. La tension monte, comment vont-ils réagir ? J'entre et la pression tombe immédiatement, je croise leurs regards curieux mais enjoués de me revoir. Ça me me remonte le moral. Le cours se passe à merveille ainsi que les suivants, les plus curieux viennent me voir à la fin, me questionnent, s'inquiètent et rassurés repartent avec le sourire. 

J'ai quitté l'école ce jour là plus forte que jamais. Et en remontant dans la voiture pour rentrer, en refaisant l'exact chemin, malgré que je me sois revu faire chacun de mes gestes, que j'ai ressenti chaque petites émotions qui m'avaient traversé, j'ai su à ce moment précis que plus qu'un accident, c'était mon destin et qu'il faut l'accepter. 

2. Ces gens là, ce pays là, ces petites choses là

Il y a des gens comme ça qui me redonne foi en la vie et en l'humanité. Sans vouloir faire pleurer dans les chaumières, il y a de ces gens qui savent faire la différence. Depuis mon accident, j'avais dû mal à voir du positif, la France m'avait déjà mis un coup de pied aux fesses pour avancer mais le Schleswig Holstein m'a fait appuyer sur l’accélérateur. 


Il y a eu M. qui dès le samedi m'emmenait déjà au resto, ma coloc' qui me dorlote toujours à coup de petits plats et de petites attentions. Puis il y a ces gens simples que je vois tous les mardis où on m’accueille toujours les bras ouverts. Il y a les autres profs qui me soutiennent et qui sont toujours là pour moi. Il y a les autres assistants qui m'ont fait oublier toutes ces vilaines choses, qui ont partagé leurs petites histoires avec moi et surtout à une qui a trouvé la phrase magique qui m'a vraiment touché en disant simplement : "Ce qui fait vraiment plaisir c'est que tu n'as pas perdu ta joie de vivre". Encore une fois, frappé par des vérités criantes, j'ai su que j'avais déjà fait du chemin et que je pouvais être fière de moi. Et ça mon ami, je te le confie, c'est magique.


J'ai redécouvert Lübeck sous la plus belle des lumières, celles de Noël. Cet esprit chaleureux et festif de l'avant Noël qui n'a pas le même charme en France. Tous ces petits chalets illuminés, ces visages heureux, ces décors magiques m'ont confirmé que Lübeck est une ville incroyable, petite mais bourrée de charme et qui, à cette période enchanteresse, se pare de ses plus beaux bijoux pour concurrencer sa vieille ennemie, Hambourg. Parfois on me demande pourquoi je me suis exiler dans un endroit aussi froid, en voyant ça je ne peux que te dire que c'est parce qu'il y a ce côté magique de l'hiver dont a toujours rêvé la petite fille que j'étais et que je suis toujours.

3. Épilogue

Mon petit mois de reprise est passé très vite mais j'ai eu le temps de me sentir revivre un peu et j'ai savouré chaque seconde, même les plus difficiles. Je me suis baladé de jour comme de nuit, j'ai bu, dansé, rigolé, souri,  mangé, aimé, détesté. Je me suis énervée, je me suis faite draguer, j'ai souri, regretté, abusé et surtout j'ai vécu comme ta voisine, ton amie, ta sœur peut vivre. Je suis normale, ça n'a pas de prix.

On arrête de parler de moi 5 minutes : Lübeck est vraiment l'une des villes les plus belles du Nord de l'Allemagne et surtout connue pour son marché de Noël. Ma porte est ouverte à tous les amateurs qui voudraient visiter ma petite ville, je commence à en connaître ses petits secrets et j'ai déjà commencé à pratiquer la visite guidée. Alors, toi mon ami(e) qui prend tant de patience à lire mes petits états d'âme je t'invite cordialement à séjourner dans ma maisonnée où il y aura toujours de la place pour les âmes égarées.

Sinon je vous remercie tous de me lire, je sais que vous êtes pas mal maintenant et ça me fait vraiment plaisir. Je vous souhaite à tous un très joyeux Noël et une bonne glissade vers la nouvelle année ! Tu es en train de te demander ce que je viens de te dire, je t'ai seulement traduit de l'allemand, alors glisse petit pingouin !