lundi 19 mai 2014

Je cours

Je suis une foutue biche sous des écailles de dragon. Un petit truc fragile qui se cache bien, une montagne d'émotions sous un semblant de roche. Mon temps ici est compté, je sens mon aventure me filer entre les doigts et ça me colle une frousse monumentale. Tu vois, j'ai à peine eu le temps de te raconter mes dernières aventures parce que ma petite vie me prend un temps fou et quelque part tant mieux. Je la vis à 2000%, je ne suis pas souvent chez moi, je cours la campagne et gambade dans les prés. Assieds-toi 5 minutes avec moi, servons nous un petit thé car ma fatigue en a bien besoin et je suis sûre que toi aussi.

1. Quand les racines reviennent à toi

Ma dernière semaine de février était un peu minable, quelques petits "soucis" à l'école et des petites déceptions personnelles m'avaient mises quelque peu K.O. Mais une part de moi étaient sur le chemin, Maman et petit frère se ramènent pour découvrir ma drôle de vie, celle d'ici.

Ma maman c'est la meilleure, elle me ramène des bonnes choses
Lundi, excitée comme une puce, je monte dans le train et je traverse le tout Hambourg. M'étant sentie poussée des ailes, j'ai volé trop vite et l'avion, lui, n'avait pas encore atteint sa destination. Je les attends comme j'attendais le Père Noël fût un temps, tiraillée entre excitation, stress et bonheur. Je guette, me met sur la pointe des pieds pour voir si je peux les apercevoir derrière le sas qui nous sépare. J'attends. J'aperçois enfin mon frère et puis ma mère. Le cœur serré je les accueille pudiquement parce que j'ai beau être très expansive sur beaucoup de choses, j'ai encore mes petites retenues. Après nos retrouvailles, des péripéties classiques d'aéroport, on prend la route vers Lübeck (Lulu pour les intimes).

Puis je les ai baladé pendant la petite semaine qu'ils ont pu me consacrer. Je bossais le matin, les promenais l'après midi. Ma maman m'a prêté la voiture de location et j'ai reconduit seule pour la première fois vers l'école. Je n'ai pas eu peur, c'est tout ce que je peux te dire. Je dois avoir la peau dure, je n'ai pas bronché contrairement à ce que je pensais.

Je leur ai montré ma belle Baltique, je les ai emmené à l'Est, je leur ai fait goûté les plaisirs de ma petite vie à l'allemande. J'ai rassuré ma mère quant à ce que je vis à 1400 kilomètres d'elle, elle a mis des visages sur des noms aux consonances étranges, des sourires sur ses inquiétudes et des baisers sur mes joues.

Puis ils se sont envolés un samedi, un signe de la main, une larme qui peine à se contenir, un sourire, un dernier coucou et me revoilà seule, de retour à mon doux quotidien. Mon indépendance est revenue timidement, sans enthousiasme, avec prudence pour ne pas abîmer le petit morceau de mon cocon familial qui s'est reformé pendant ces quelques jours.

2. Goûter à la folie hambourgeoise

Avec Lt. mon amie belge (officiellement, elle est franco-belge, officieusement, c'est une foutue frite !), nous avions une envie folle de visiter cette grande ville que l'on traverse sans arrêt sans pour autant la visiter et surtout une folle envie de faire bouger nos corps au rythme de la folie hambourgeoise.

On est arrivé un samedi matin en catastrophe à Hambourg, elle, laissée par un train au milieu de nul part, moi, lâchée par un covoitureur fiévreux. On fini par se retrouver et on file chez R., un autre assistant absolument adorable qui nous accueille pour le weekend. Tous les 3 lancés dans Hambourg, on fait le grand tour, on en prend plein les yeux et on planifie notre petite folie hambourgeoise du soir.

Si tu as l'esprit festif, un tatouage sur la fesse gauche après un mauvais pari, un foie du tonnerre, un esprit jeune dans un corps qui tient la route et des envies d'adrénaline ou tout autre signe distinctif qui indique que tu peux potentiellement envoyer du rêve sur le dancefloor, Hambourg a une "tradition" qui te plaira. La tradition veut que tu festoies allégrement mais pas n'importe où, à la Reeperbahn. Puis quand le soleil pointe le bout de son nez, cette même tradition veut que tu ailles manger un Fischbrötchen (comprend là, un sandwich avec des petits poissons, des petites crevettes ou tout autre animal sortant de l'eau) au Fischmarkt (tu me suis toujours, comprends là, le marché aux poissons). 

Alors à nous 3, on est parti "bras dessus, bras dessous" et on a mis le feu à la Reeperbahn. Je ne te raconterais pas tout sur ce sujet mais sache qu'on a fait la fête et, correctement. Résumé express : on a trinqué, rigolé, bougé nos corps, trinqué, crié, chanté, trinqué, dansé, discuté et mangé. Bref. On a passé une soirée de folie. 

Le dimanche, on a terminé tranquillement notre visite d'Hambourg et on est rentré au bercail, éreinté mais avec des étoiles plein les yeux. Hambourg est une ville aux multiples facettes avec un charme fou. Le port est endroit authentique et brut accentuant le contraste avec le faste de son centre. Chic et bourgeoise, la belle hambourgeoise relève ses jupons une fois la nuit tombée et fais rêver quiconque veut s'oublier l'espace d'une nuit. Et ça ! Ça m'a plu. 

3. Une nouvelle en ville

Le rendez-vous est pris. Une nouvelle française arrive en ville et je suis chargée de l'accueillir en cette fin mars fraîche mais ensoleillée. M. arrivera avec sa maman et je dois me charger d'être leur premier rayon de soleil (comme le fut ma coloc' à mon arrivée) après leur périple en voiture que je ne pouvais que bien m'imaginer. 

Après une petite journée classique dans ma petite ville, mon portable sonne, mes routières arrivent. Je monte donc sur mon fidèle destrier du mois (ah oui ! mon grand truc c'est de me faire prêter des vélos, c'est devenu mon sport du moment), je file à son futur appartement, dernier tour de piste, je m'assois face à la Trave et je patiente. 

Elles finissent par arriver, me remerciant à coup de pains au chocolat et ravies que je leur ouvre la porte de la nouvelle maison de ma nouvelle compère. S'en suit un charmant petit weekend entre françaises sous un temps idyllique, on papote, le courant passe, j'ai une nouvelle copine française.

Depuis on en a fait des trucs ensemble, je l'ai baladé, elle m'a baladé, on se balade toutes les deux. On sort, on se fait à manger, on rit, on se raconte nos vies, on se plaint, en gros on se comprend et ça c'est COOL.

4. Épilogue

Je sais que tu m'en veux derrière ton petit écran et que tu me boudes un peu : tu es dans ton DROIT ! Je ne t'ai pas écris depuis longtemps et tu m'en vois désolée. J'ai eu peu de temps pour me poser et écrire. Tu vois j'aime me la raconter un peu et pour que j'écrive efficacement il faut que j'ai quelques heures devant moi, de l'inspiration, de la bonne musique et l'esprit en paix. Tu devineras que ces derniers mois, des moments précieux d'écriture comme ceux-là, j'en ai eu peu. J'ai privilégié ma vie sociale mouvementée, mes voyages et mes sorties nombreuses. Dis comme ça, ça sonne un peu égoïste mais que veux tu des expériences aussi belles j'en aurais peu dans ma petite alors je les savoure à tes dépends. Mais tu m'aimes quand même, hein ?

Passons ! Je suis en pleine planification de mon été car oui ! Je reste quelques mois de plus sous le prétexte d'améliorer mon allemand en y bossant encore un peu. J'ai trouvé un charmant petit boulot dans le plus adorable des cafés de Lübeck. J'ai l'impression d'être une licorne colorée apportant des petits bouts de rayon de soleil à mes clients. Ouais, mes métaphores sont déjantées mais tu sais pourtant que je suis un bisounours bien planqué (et que j'ai une façon de penser propre à moi-même).

Comme tu le constates, au travers de ce tourbillon d'émotions que je parviens tant bien que mal à te décrire, je suis bien, je suis épanouie, bien dans mes pantoufles canards (je ne porte pas de baskets, je suis une fille distinguée, ou pas). Je te le cache pas, plus je repousse mon départ, mieux je me porte. Pas que je veux pas revoir la frimousse de mes français préférés, c'est juste que les moments où on se sent à sa place, au bon endroit, au bon moment sont rares alors par pure avidité, je garde ma place, je la serre contre moi encore avant de revenir à la facilité de mon quotidien français.

Une amie m'a dit il y a pas longtemps : "De toute façon, toi, tu as besoin de challenge pour vivre" A méditer. 

1 commentaire:

  1. Bon alors j'étais justement en train de me dire cette semaine que je me languissais d'un futur article, me voila donc comblée:)

    Tu sembles vraiment t'épanouir en Allemagne, et ça ne peut que me réjouir de te voir heureuse (pas que tu l'étais pas avant, hein, qu'on sentende bien :) )
    Alors si tu es à ta place, ne cherche pas plus loin, reste aussi longtemps qu'il te plaira, nous (ou du moins moi, les autres je sais pas XD) je t'attendrais le temps qu'il faudra et puis on va pas se mentir, ça me laisse le temps de renflouer la sacoche à Picsou pour monter te voir, hahahahahahaha.

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