dimanche 6 octobre 2013

Voyage, Voyage

Me voila enfin arrivée à Lübeck, un des lieux incontournables du Schleswig-Holstein et surtout ma ville d'adoption pour l'année. Je vais te raconter mon trajet et mon arrivée avec plein d'enthousiasme alors avant de commencer assure-toi que tu as un peu de temps (je vais te raconter ma vie et ouais, t'es là pour ça), prends toi un thé, un chocolat chaud ou ce que tu veux parce que là je t'emmène au pays du froid où l'on t'affirme qu'il fait encore chaud. 

1. Le voyage ou comment mon mental a battu mon corps à plate couture

Voiture chargée à bloc, je promène une dernière fois mes terreurs (mes chiens, hein ! Même si mes terreurs, les vraies je les balade aussi souvent), une dernière caresse à chacun ainsi qu'à mes gros minous, un dernier bisou à ma mère et me voila dans ma voiture, la boule au ventre, l’œil qui clignote (carence en magnésium et angoisse perpétuelle en sont les causes), j'installe mon matériel, Ipod, GPS, carte bleue à porter. J'avale ma salive, démarre le moteur, passe un coup d’essuie glace , allume mes phares, et voilà. 

Me voilà prête, je quitte à 8h30 Saint Nazaire,  ma petite contrée "natale" et je prend ma première co-voitureuse. Mère de famille, 45 ans, bavarde et intéressante, le voyage jusque Paris se passe à merveille. On déguste quelques "Pingouin" ramenés d'Angleterre par le petit frère, parle de tout et de rien et on rit. Un co-voiturage comme je les aime. Mon oeil me joue toujours des tours et je prie pour que ce ne soit pas comme ça pendant tout le trajet jusque Lübeck. 

Je la dépose à l'endroit convenu et file à Rungis voir la grande soeur qui m'attend pour un petit McDo' d'au revoir. Je peine à trouver ma route, même avec Virginie qui m'accompagne de sa voix claire et sciemment un poil séductrice (c'est le prénom de mon GPS !). Mc Do dévoré (c'est le cas de le dire, le temps était compté), je bois un cappuccino à l'EFS, dis au revoir à ma grande soeur et c'est reparti.

J'attend patiemment mon nouveau covoitureur pour Bruxelles, je l'aperçois de loin, j'ai un frisson, il n'a pas l'air aimable à première vue. Il ouvre la portière, je m'arme de mon plus beau sourire, lui décroche mon plus charmant des bonjours et le charme opère, il a le sourire, m'explique que c'est sa première fois, qu'il ne savait pas à quoi s'attendre. Encore une fois on parle de tout et de rien, il est super intéressant, bosse pour des ONG, a vécu dans des pays incroyables dont la situation actuelle est parfois chaotique. Malgré un co-voitureur super sympa, ma fatigue me court après et mon oeil ne veut pas se calmer. Je prend une pause, m'achète du jus d'orange, marche un peu mais je sens bien qu'il faut que j'arrive car mon petit (grand?) corps commence à me dire "merde". On passe finalement la frontière, l'entrée de Bruxelles est embouteillée, on prend notre mal en patience, je trouve les belges absolument désagréables sur la route : et vas y que je te colle mes pleins phares dans la tronche sans raison apparente, et que je te klaxonne, bref ... Chiant. 

Je dépose mon co-voitureur à une station de tram devant la Gare du Midi et je prend enfin la direction de mon hébergement pour la nuit qu'un ami a bien voulu me fournir. Je prend la douche du bonheur, change mes fringues qui finissent par me coller à la peau et je me sens enfin redevenir "humaine". On file manger des tapas, j'ai pas trop le temps de visiter Bruxelles, cependant j'y repasserais car ça a l'air d'être une ville superbe. Lendemain matin, 10h30 me revoilà sur le départ, je monte dans ma voiture et c'est reparti. Cette fois ci, c'est "mon" adresse que je rentre dans mon GPS, j'ai clairement la trouille, la route s'annonce longue, seule et stressante. Si ça n'avait tenu qu'à moi, je serais restée à Bruxelles et je me serais reposer un peu plus mais j'ai prévu ça comme ça et je déteste faire faux bond aux gens.

Je sors de Bruxelles sans encombre, prend l'autoroute direction la Hollande. Arrivée en Hollande, je vois la différence, le froid rentre doucement par l'aération, je m'arrête reprendre de l'essence, les gens me regardent étrangement et je sais exactement ce qu'ils se disent: "Qu'est ce qu'une française fout là avec une TWINGO ?!". Je mange un drôle de sandwich, mange un petit paquet de chips et je me dirige vers l'Allemagne. Une fois en Allemagne, la circulation se fait plus dense, mon oeil me fatigue et je sens que ma nuit de sommeil n'aura pas suffit: mon corps en a sa claque, il veut que ça s'arrête et mon dos commence à me tirailler sérieusement. Je m'arrête donc à un Burger King, ce qui m'a écœuré car j'aurai préféré ça à mon petit sandwich mais tant pis. Puis de toute façon, c'est pas bon pour ma ligne. Je mets mon siège en position allongée et là Morphée m'a rappelée fissa dans ses bras douillets. Une demie-heure plus tard, mon portable me réveille, ma proprio s'inquiète et me demande où j'en suis. Je répond, passe aux toilettes payantes (je m'y ferais jamais) et me revoilà : on the road again. 

Reposée, je me sens d'aplomb pour affronter le reste. Je fais quelques pointes à 150 km/h sur les autoroutes allemandes et pourtant pour certains chevronnés, je traîne encore. Le temps commence à me peser, ça se saurait si la solitude et moi on s'entendait bien. Je tente une discussion, sans succès, avec Virginie mais elle n'est causante que pour écorcher les noms des villes et des rues (et oui ! Elle prononce tout avec un accent français à couper au couteau). Cependant, ça y est j'aperçois enfin "Lübeck" sur un panneau, et là ! M-A-G-I-Q-U-E, mon oeil arrête de clignoter, ma vue du côté droit est nettement moins floue et je me sens invincible. Oui, invincible, c'est la dernière ligne droite, mon oeil fonctionne, j'ai le pied sur l'accélérateur, pas les cheveux dans le vent mais presque. J'ouvre la fenêtre, je sens le froid s'engouffrer avec allégresse dans mon auto, je souris, ça y est le pays du froid m'ouvre les bras.

2. L'arrivée ou comment le charme opère

Je rentre enfin dans Lübeck, l'entrée de la ville n'est pas différente d'une ville classique mais quand j'approche le centre ville et que j'y rentre, je comprend vite l'engouement des gens qui m'en avaient parlé. C'est vert, c'est beau, c'est charmant. J'ai l'impression d'être dans une ville et à la campagne en même temps. Je souris bêtement, j'ai la banane et pourtant les muscles de mon visage crient au secours. J'entre enfin dans "MA" rue ! Virginie me dit d'une voix un peu platonique "Vous êtes arrivé" (elle pourrait me tutoyer, merde ! On a passé 1400 km ensemble et 2 jours de route). Je gare ma voiture, enfin ! Je la pose ! 

Je sors, pose mes deux pieds enfin à terre. "Maman, je suis devant chez moi", là j'entends mon prénom, vois une tête passée qui me dit qu'elle descend. Je raccroche, dis à ma Maman que ma proprio m'a trouvée avant que je ne la trouve. Je vois arrivée une dame avec un grand sourire, les bras grands ouverts, qui me prend dans ses bras. Soulagement. Elle me file sa place devant chez elle, je me gare correctement. Je bafouille, je me sens flagada mais joyeusement flagada. Je souris, tente de blablater en allemand, je m'excuse pour mon état lamentable et mon allemand fatigué. 

Elle me montre ma chambre, l'appartement est immense, c'est dans un vieil immeuble absolument magnifique. Les plafonds sont immenses, ma fenêtre est immense, bref ! Tu auras compris que c'est immense. Je souris toujours comme une gourde, bafouille que tout est merveilleux. Sa fille arrive, m'accueille les bras ouverts comme sa maman. Elles me chouchoutent, me félicitent pour le trajet, je suis affreusement gênée. Ne suis-je pas seulement "la fille qui loue la chambre de l'entrée"? 

Je m'isole un peu, range mes affaires mais Morphée râle et me tanne: "tu vas allé au pieu oui ou non ?". Alors je cède, je prend une bonne douche, je dis bonne nuit, je me glisse dans ma couette bien chaude, le lit est confortable, tout est bien ... ZzZzzZzz ...

3. Premier jour ou comment j'ai pris 20 kilos 

9h30. J'ouvre mes yeux et je me sens bien. J'ouvre les rideaux, le soleil brille timidement, les maisons sont charmantes, tout est calme, les cloches des églises de Lübeck me font le plus agréable des concerts. Enfin je peux tourner la page du mois de septembre qui fût, osons le dire: chaotique au plus haut point. Je sais qu'à partir de ce moment, ma vie sera complètement différente, au moins pour quelques mois. Je sors encore un peu endormie, le petit déjeuner et les sourires sont au rendez-vous. Bonheur. J'ose aborder les sujets : loyer, courses, et tout le bazar. Je suis agréablement surprise sur tout les bords, la vie s'annonce simple et tranquille. 


Je finis de ranger mes petites affaires, je mets ma chambre à mon goût et me prépare pour ma première visite de Lübeck. Elles me font visiter. La ville est vivante, des magasins partout, des bars, des boites de nuit, tout y est et à proximité. Le centre de Lübeck est en fait une île cernée par un canal. L'architecture est magnifique et je suis surprise de voir qu'il y a "des villages" dans la ville. 


Il suffit de prendre une petite rue pour se retrouver dans une cour entourée par des maisonnettes adorables où des papys boivent une bière et où du linge sèche. On se retrouve sur la place principale de Lübeck "Die Marktplatz" où se tient "Die Kartoffeltage" littéralement "les jours de la patate" ou de la "pomme de terre" pour les puristes. Là l'odeur des Currywurst nous appelle, on se laisse séduire. 


Un barbecue géant se tient au milieu de la tente qui abrite le stand nourriture. Je me retrouve avec de la famille de ma propriétaire, des petits vieux adorables chantant leurs vieux standards en choeur, tout en me tenant par les épaules de temps en temps quand un refrain endiablé retentit. Ils me sourient, me parlent, et je comprend réellement les rumeurs sur les gens du Nord de l'Allemagne, ce sont des gens d'une gentillesse extrême. Puis, vient l'heure du café, on va dans un des meilleurs de Lübeck, on se laisse séduire par un "Marzipan Milch Kaffee". Ceci a dû être fabriquer par les démons de la gourmandise tellement c'est à se damner. C'est un délice ! Puis on m'emmène dans une boutique de Marzipan, pareil j'ai pris 10 kilos en regardant simplement les assortiments de chocolat, Marzipan et autre nougat. 




Sur le chemin du retour et après en avoir pris plein la vue et plein les papilles, ma propriétaire a une course à faire. On est accueilli par un monsieur sur échasse qui fait le show en chevauchant une peluche en forme de licorne. Puis, on assiste à un défilé de mode kitsch qui me rappelle que l'Allemagne c'est bien mais pas sur tout les points non plus. Mais ne soyons pas cynique. Elle achète quelques spécialités grecques, c'était sans savoir que le patron allait me faire goûter toute sa vitrine. Autant vous dire que cette fois c'est mon estomac qui n'en pouvait plus. Mais ma politesse et l'air enchanté du petit monsieur l'a fait taire et l'a forcer à ne pas se plaindre et à encaisser. Finalement, c'est presque en roulant que j'aurais pu rentrer mais mes jambes ont réussi à me porter. 

4. Épilogue

A la question : Es tu conquise ? Je répondrais sans hésitation : Oui. Je suis ravie de voir que les gens sont absolument adorables, que pour l'instant les gens me prennent dans leurs bras comme si ils me connaissaient depuis toujours, que l'on me propose de l'aide pour quoi que ce soit. En bref, je me sens pour l'instant très bien et malgré le voyage difficile je ne regrette pas d'être venue jusqu'ici car tout me fait penser que je vais y passer une année inoubliable. 

Sur ce, merci de m'avoir lue, j'espère que je t'ai pas trop emmerder et que tu as réussi à arriver jusque là sans que ton café ou autre soit glaciale et sans que tu échoues sur Candy Crush. Tschüss ! 


4 commentaires:

  1. Bravo!! j'ai pas décroché une seule seconde de ton article! tu m'a transporté avec rien quand lisant tes lignes et ce n'est pas une chose facile! Continue car j'ai envie de voir la suite des aventures de super Amandine!!

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  2. Je ne me suis pas ennuyée une seconde, et j ai envie de dire encore !
    Ton récit est fabuleux et rassurant, pour nous qui sommes si loin de toi.
    Vivement la suite
    Plein de gros bisous petite soeur <3

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  3. voilà Amande,t'as tout de suite compris pourqoui j'adore les gens du Noooord :-).C'est cool ton blog et la photo de la vraie (!!!!!) Currywurst :-).Il faut que tu goutes la GRÜNKOHL avec la KOHLWURST et le SCHWEINEBACKE *mdr*-tu va adorer.Gros bisous de la Bavière

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    1. Merci pour tes conseils ! Et oui, tu avais raison, les gens sont très chaleureux et je ne suis pas déçue du tout . :) Gros bisous à vous 3 !

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